Isabelle Delannoy | Une palette douce à la recherche d’une réalité poétique
La chimie poétique de la peinture
Rencontrer Isabelle Delannoy, c’est comprendre ce qu’elle fait plutôt que qui elle est. Elle nous offre des leçons de peinture, des vraies leçons de techniques, de savoir-faire.
On apprend comme elle a aimé apprendre. C’est un passage obligé pour ressentir et provoquer des émotions. Elle en est persuadée, elle l’explique. Et elle le fait bien.
Avec la peinture à l’huile, Isabelle n’a pas choisi la facilité. C’est même l’inverse, elle a choisi de s’entêter, de prendre le temps, de construire vraiment et de travailler sa palette.
Désormais certifiée I-CAC, elle est officiellement Ambassadrice de la créativité picturale française.
N’est pas artiste-peintre qui veut
« Tout s’explique. » Comme son parcours, bien plus construit qu’il n’y paraît. Comme son choix de la peinture à l’huile et des techniques anciennes.
C’est peut-être les rencontres et le destin mais en aucun cas, une question de circonstances hasardeuses.
Certes, il y aura eu des années de ressources humaines et d’administration en entreprise, certes aussi l’opportunité des 3 années consacrées à ses enfants. Mais ce choix de transformer un loisir du week-end en « métier de passion » est comme sa technique, le résultat d’une vraie maturité.
La lente maturation de la peinture
C’est l’histoire d’Isabelle Delannoy, « technicienne de la peinture » auto-proclamée.
La rencontre idéale, avec Isabelle, se fait en semaine, bien loin de la foule habituelle des puces. Et le moment vaut tous les cours d’histoire de l’art les plus courus. Isabelle manie parfaitement l’art de son art. Le sien, c’est la peinture à l’huile mais elle excelle encore dans celui du récit. Elle raconte son œuvre, ses techniques, ses méthodes, sa « tambouille » ou sa « popote ».
Parce que c’est ça, justement. Il y a l’œuvre que l’on regarde, que l’on achète ou que l’on collectionne et puis l’avant, le comment, le pourquoi, la matière et ses exigences. Et ce sont ces histoires-là qu’Isabelle nous donne, aussi riches et généreuses que le sont ses toiles.
Elle aime prendre le temps, sa peinture l’impose. C’est pour ça, entre autres raisons, qu’elle l’a choisie. L’huile a besoin de temps pour sécher avant d’accueillir la prochaine couche. Il y en aura 8 parfois.
Isabelle, l’artiste-peintre, éprouve et ressent. Mais a besoin de voir, de comprendre, de savoir. Alors, logique, elle montre, explique et s’assure qu’on la suit avant de parler « sensibilité ».
« La technique est indispensable », c’est dit.
« Ils ne sont pas dans le formalisme, leur main est libre, ils n’ont pas de règles. C‘est absolument génial ». Petite, Isabelle « bidouillait ». Elle aimait la « magie de la couleur », l’idée de pouvoir tout faire avec les couleurs primaires. Elle a appris à maîtriser, « à comprendre ce qui se passe ». Et aujourd’hui, elle explique « les couleurs transparentes pour sublimer les couches sous-jacentes ».
C’est ça sa « popote » : le côté chimique et le « hasard construit ».
Composer sa palette
Comme lorsqu’un professeur lui reproche son « vert épinard », elle travaille sa palette, elle veut maîtriser ses verts, « ce végétal très important dans la nature ». Isabelle veut trouver une subtilité et savoir décliner les tons. « Le travail du peintre, c’est composer sa palette. » La sienne est délicate et chaleureuse, composée de pigments naturels. C’est sa « propre logique interne », une déclinaison de tons, de variations, une gamme neutre, des terres…
Alfred Sisley, Claude Monet, Camille Pissarro sont passés par là avec leur « subtilité d’un même ton ». Là encore, Isabelle a étudié le mécanisme pour comprendre comment d’autres, ses maîtres, exprimaient leurs ressentis. Pendant 8 ans, Philippe Lejeune lui a appris à poser ses couleurs. Il lui a donné « sa boite à outils » qu’elle a peaufinée et améliorée. « Pour avoir de la chimie, il faut de la technique. Et pour avoir de la technique, il faut de la patience et du courage. »
La lumière pour construire
Vient ensuite la composition, réglée par les mathématiques et la fameuse règle d’or. Celle-ci qui permet le mouvement et « l’échappée, pour rêver ailleurs ». Ces notions, ces techniques précises, Isabelle nous les montre sur ses toiles, se lève, décrit, pointe du doigt. C’est clair. «Les sections d’or, le découpage. L’œil domine, il vient là directement, ne se perd pas. C’est la composition générale».
Un métier de passion et solitaire
Mais l’huile impose souvent l’atelier
Ces différentes couches d’huile lui permettent d’aller loin dans le travail, de composer, d’harmoniser de se perdre jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à corriger. Et là seulement la construction prend fin !
Il peut arriver lors qu’elle reprend un ancien support, que certaines couches sous-jacentes révèlent un tout autre paysage, un portrait ou même un nu. Ce sont des fonds extraordinaires qui apportent à l’ensemble une matière inégalée.
En peinture à l’huile, on « monte les couches », c’est le principe même du travail, c’est magique !