J+4 Après Maison&Objet | Marie Juge

J+4 Une matière. Une pièce. Et après ?

Dans l’atelier, l’artisan est seul le plus souvent. C’est son repère, une grotte et un cocon. Les artisans collaborent aussi pour tromper cette solitude, à la fois précieuse et inconfortable. Une ancienne « golden girl » a dû apprivoiser l’atelier. Marie Juge s’est fait une place sur les salons en donnant du style à la terre. Elle sculpte des silhouettes énigmatiques, colossales par la matière et délicates par leur parure.
On est touché, oui. Souvent « sans trop savoir pourquoi ». C’est – au choix – pour l’arrondi, le contraste, la nostalgie, la complexité du geste et souvent aussi, pour ce que l’on imagine derrière l’oeuvre, ce qu’elle pourrait bien révéler de son auteur.
Pourtant, le créateur peut, lui aussi, déclarer ne « pas vraiment expliquer » ses choix ou le pourquoi de son oeuvre. Il préfère parfois se laisser guider par la matière et la magie de l’inconnu.

Le raku, notamment, parle de cette intervention extérieure. De cette envie de laisser faire. Pratiquer ce mode de cuisson, procédé ancestral japonais, est un choix, forcément. Le céramiste laisse agir les flammes et l’enfumage.

Marie-Juge Sculptrice sur le Salon Maison&Objet 2020
Crédit Photo © Web Vision 360

4e jour de l’après Maison&Objet 2020 pour Marie Juge

C’est ce jeu avec les émaux qui termine les modèles de Marie Juge. C’est même pour cette technique – et uniquement celle-ci – qu’elle est entrée dans le monde de la création. Par hasard(s). Ceux de la vie.

Marie-Juge Sculptrice sur le Salon Maison&Objet 2020
Crédit Photo © Web Vision 360

Marie, elle, a choisi la terre. A la deuxième cuisson, les émaux viennent craqueler ou noircir les tenues de ses dames. Le feu précise la silhouette. Celle-ci mesure 70 cm. Elle est charismatique et porte le nom de sa terre : Grès.

Marie Juge dessine ses collections comme une styliste le ferait. Seuls les matières et les outils diffèrent.

Les collaborations enrichissent, c’est dans cette direction qu’elle ira de plus en plus souvent.

Elle a déjà travaillé la dentelle avec la brodeuse d’art Kyoto Siugara et l’ardoise avec la mosaïste Véronique Darcon- Cazes.

Très bientôt, la fresque à la chaux habillera ses sculptures.
Aller plus loin, avec d’autres.

écrit par Anne-Charlotte Caulliez