Sandrine Ramona | Terre, translucide, fine et inébranlable
L’apprentissage de la terre
Sandrine et sa terre parlent de nous. Ensemble, elles racontent notre dualité, notre éclat et la beauté de nos cicatrices.
A 18 ans, Sandrine touche pour la première fois l’argile et la trouve capricieuse. Leur histoire n’a rien d’une évidence. Un joli quelque chose d’une histoire de famille peut-être. Pas à pas, ou main dans la main, leur relation s’est construite.
Désormais, la céramiste voit son métier comme « un cadeau » reçu dans un musée. Une véritable rencontre, comme celles qui nous forgent. Les effets de texture, les techniques et les outils viennent en cherchant dans la nature et ailleurs. Ses créations de porcelaine portent les marques de la vie.

« On cherche toute notre vie »
Sa vie d’aujourd’hui est venue par étapes. Un jour, dans un musée, le travail de la terre exposé réveille les envies de gestes. Petite, avec ses parents, elle avait un secret : elle peignait. A l’aquarelle d’abord, puis à l’huile pour assouvir son « besoin de matière ». Il manquait encore quelque chose, de quoi toucher, texturer, ou apporter de « la 3D ». Sandrine veut apprendre en continu, c’est son moteur. Elle réalise que comprendre vraiment la terre, ses modes de cuisson et de décor pourrait bien lui prendre toute une vie. Parfait !
Sandrine apprend, se fait une place, découvre un « autre monde ». Elle entrevoit, étonnée, la même lourdeur administrative, les cases dans lesquelles on cherche aussi à la « ranger ». En échange de services rendus, une céramiste lui prête son atelier, elle y expérimente diverses techniques.
Elle se forme pour ne pas faire n’importe quoi, la terre peut facilement fissurer ou casser. C’est le propre de la matière : à la fois fragile et incroyablement solide. « Comme la libellule. »
« La vie n’est pas plate »
Une certaine philosophie de la terre
Consciemment, la créatrice choisit ses techniques, comme ses supports qu’elle imagine de plus en plus grands. Elle n’utilise ni moule, ni pâte liquide, elle estampe la terre. Certains de ses panneaux sont encadrés, d’autres non. Sandrine ne veut rien imposer aux regards, et surtout pas de limites.
Elle aussi fait ce dont elle a envie : des coupelles, des abats-jours ou des objets du quotidien qu’elle répare. Par jeu, par défi technique ou juste pour le plaisir.
Sa seule règle : aller au coeur de la matière, entièrement. Elle tient à cette relation, c’est « un travail à deux, je suis bloquée si je ne connais pas ma terre ».
La céramiste décortique, regarde de près la Nature, qu’elle soit végétale, animale ou humaine.
Elle s’émerveille et la porcelaine devient son médium : « à travers cet infiniment petit, on peut imaginer l’infiniment grand ». Autant que possible, en tout cas…
Par son matériau, purement naturel, Sandrine veut transmettre sa relation au monde. Elle met en scène notre lien à tous, à l’autre, aux arbres ou à la libellule aussi, forte et délicate.la construction a commencé. Et puis les tests, les découvertes, les pliages, les calculs, le recours à la géométrie et ce qui assure la tenue de son oeuvre.
Le souvenir de l’empreinte
Pas de lumière sans ombre
C’est comme donner au blanc un « autre visage ».